Guérir L’Asthénozoospermie Naturellement
L’infertilité masculine est une problématique de santé publique qui touche de nombreux couples à travers le monde. Parmi les causes les plus fréquentes de cette infertilité figure l’asthénozoospermie, un trouble caractérisé par une mobilité réduite des spermatozoïdes. Ce paramètre essentiel à la fécondation naturelle est évalué lors d’un spermogramme, qui permet de détecter les anomalies de nombre, de forme et de motilité des gamètes masculins. Dans cet article, nous allons explorer en détail ce qu’est l’asthénozoospermie, ses causes, ses conséquences sur la fertilité masculine, les méthodes de diagnostic, ainsi que les options thérapeutiques disponibles.
Définition et classification de l’asthénozoospermie
L’asthénozoospermie est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une diminution de la motilité progressive des spermatozoïdes. Elle est diagnostiquée lorsque moins de 32 % des spermatozoïdes présentent un mouvement progressif dans un échantillon de sperme.
Types de mobilité selon l’OMS :
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Mobilité progressive (type A et B) : spermatozoïdes qui se déplacent de manière linéaire ou en large cercle.
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Mobilité non progressive (type C) : spermatozoïdes qui bougent, mais sans se déplacer réellement.
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Immotilité (type D) : spermatozoïdes totalement immobiles.
L’asthénozoospermie peut être :
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Modérée : entre 20 % et 32 % de spermatozoïdes mobiles.
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Sévère : moins de 20 %.
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Totale (nécrozoospermie ou akinétospermie) : absence totale de mobilité.
Physiologie de la mobilité spermatozoïdienne
La mobilité du spermatozoïde repose sur plusieurs facteurs biologiques :
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Intégrité du flagelle : le flagelle est une structure composée de microtubules organisée en axonème, qui permet le mouvement.
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Énergie mitochondriale : localisée dans la pièce intermédiaire du spermatozoïde, elle fournit l’ATP nécessaire aux mouvements.
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Milieu séminal : un environnement riche en nutriments, antioxydants et ions est indispensable.
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pH et viscosité du sperme : des altérations de ces paramètres peuvent freiner la progression des spermatozoïdes.
Toute anomalie de ces éléments peut compromettre la motilité, menant à une asthénozoospermie.
Causes de l’asthénozoospermie
Les origines de l’asthénozoospermie peuvent être multiples, souvent multifactorielle, et réparties en causes pré-testiculaires, testiculaires et post-testiculaires.
1. Causes pré-testiculaires
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Troubles hormonaux (hypogonadisme, anomalies de l’axe hypothalamo-hypophyso-testiculaire).
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Carences nutritionnelles : zinc, sélénium, carnitine, acides gras oméga-3.
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Stress oxydatif : dû à des déséquilibres métaboliques, tabac, pollution.
2. Causes testiculaires
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Varicocèle : dilatation des veines testiculaires qui augmente la température scrotale.
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Infections testiculaires (orchite).
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Facteurs génétiques : anomalies du gène DNAH1, mutations affectant l’axonème.
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Toxiques et médicaments : chimiothérapie, radiothérapie, exposition aux pesticides.
3. Causes post-testiculaires
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Obstructions des canaux éjaculateurs.
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Infections prostatiques ou épididymaires.
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Troubles de l’éjaculation.
Diagnostic de l’asthénozoospermie
Le diagnostic repose principalement sur le spermogramme, une analyse du sperme réalisée en laboratoire. Celui-ci évalue différents paramètres :
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Volume de l’éjaculat.
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Concentration en spermatozoïdes.
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Morphologie.
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Mobilité.
Critères OMS 2021 pour la mobilité :
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Mobilité progressive ≥ 32 % (norme).
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Mobilité totale (progressive + non progressive) ≥ 40 %.
En cas d’anomalie, l’analyse doit être répétée à au moins deux reprises à quelques semaines d’intervalle, car de nombreux facteurs transitoires peuvent altérer le sperme (fièvre, stress, abstinence prolongée, infections aiguës).
Examens complémentaires :
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Test de vitalité : pour distinguer immobilité réelle d’une nécrozoospermie.
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Échographie testiculaire : pour détecter un varicocèle.
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Dosage hormonal : FSH, LH, testostérone.
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Cariotype et test génétique (en cas d’asthénozoospermie sévère ou associée à d’autres anomalies).
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Test de fragmentation de l’ADN spermatique.
Conséquences sur la fertilité
La motilité des spermatozoïdes est un facteur déterminant dans le processus de fécondation naturelle. Un spermatozoïde doit franchir plusieurs obstacles pour atteindre et féconder l’ovocyte :
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Traversée du canal cervical.
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Migration dans les trompes.
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Pénétration de la zone pellucide de l’ovocyte.
Une altération de cette capacité motrice réduit drastiquement les chances de fécondation naturelle, d’où l’association forte entre asthénozoospermie et infertilité masculine.
Traitements possibles de l’asthénozoospermie
Le traitement dépend de la cause identifiée, de la sévérité de l’anomalie et du contexte du couple (âge de la partenaire, durée d’infertilité, autres anomalies du spermogramme, etc.).
1. Traitements médicaux
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Antioxydants : supplémentation en vitamines C, E, coenzyme Q10, L-carnitine, zinc, sélénium.
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Traitement d’une infection : antibiothérapie adaptée.
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Correction hormonale : traitement de l’hypogonadisme.
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Chirurgie du varicocèle : varicocélectomie.
2. Mesures hygiéno-diététiques
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Arrêt du tabac et de l’alcool.
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Réduction du stress.
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Perte de poids en cas d’obésité.
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Pratique régulière d’exercice physique modéré.
3. Techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP)
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Insémination intra-utérine (IIU) : possible si la mobilité est modérément altérée.
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Fécondation in vitro (FIV) : pour les cas plus sévères.
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FIV avec injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) : méthode la plus efficace dans les formes graves d’asthénozoospermie. Elle consiste à injecter directement un spermatozoïde dans l’ovocyte.
Prévention et sensibilisation
Compte tenu de l’impact croissant des facteurs environnementaux et comportementaux sur la fertilité masculine, il est essentiel d’insister sur la prévention :
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Éviter l’exposition aux perturbateurs endocriniens (plastiques, pesticides).
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Réduire l’utilisation excessive de la chaleur sur la région pelvienne (ordinateurs sur les genoux, saunas).
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Maintenir une alimentation équilibrée riche en antioxydants.
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Promouvoir un dépistage précoce en cas de désir d’enfant.
L’asthénozoospermie représente un défi majeur dans la prise en charge de l’infertilité masculine. Bien qu’elle puisse parfois être transitoire ou modérée, ses formes sévères nécessitent une prise en charge spécialisée et souvent le recours aux techniques de procréation médicalement assistée. Grâce aux avancées scientifiques et à une meilleure compréhension des facteurs impliqués, il est aujourd’hui possible d’améliorer significativement le pronostic des patients atteints, à condition d’un diagnostic précoce et d’un suivi adapté.
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